En début d’année, l’Office Fédéral de la Statistique a prévu une augmentation des salaires nominaux en Suisse. En se basant sur la conjoncture économique du premier trimestre, cet établissement a estimé que la hausse pourrait être de 0,8 % cette année. Mais au regard de la situation actuelle, cette prévision risque de changer. D’après Crédit Suisse, un groupe bancaire suisse, la hausse pourrait être très modeste pour cette année et pour l’année à venir. Au regard de ces données, est-il encore intéressant de vivre en Suisse ? Quel est le salaire minimum ? A quoi s’attendre si l’on souhaite s’y installer ? L’uberisation de l’économie a-t-elle eu un impact sur l’économie en Suisse ? Pour avoir des réponses précises, voici un aperçu général sur le salaire dans ce pays.

Le montant du salaire moyen en Suisse

En termes de salaire, la Suisse est plus ou moins attractif. Pour preuve, elle fait partie de celle qui propose une rémunération assez raisonnable. D’après une enquête de l’Office Fédéral de la Statistique de 2016, elle est de 6 502 francs suisses, soit l’équivalent de 5698 euros. Ici, ce chiffre correspond au salaire moyen dans le pays, car tous les secteurs d’activités y sont représentés.

Contrairement à ce qui se déroule dans les autres pays, la Suisse n’a pas instauré un salaire minimum. Si cette situation existe, ce n’est pas par manque de volonté du gouvernement fédéral, mais par le bon vouloir de la population. Les citoyens suisses ont clairement voté contre son établissement lors d’un référendum organisé en mai 2014, afin d’éviter la hausse du chômage.

Dans l’Etat fédéral, l’heure légale de travail est largement supérieure qu’en France. Les salariés suisses travaillent en générale 41,7 heures par semaine. En revanche, au lieu de recevoir 12 rémunérations chaque année, ils gagnent par contre 13 mois, dont les deux dernières sont perçues au mois de décembre.

Les différences de salaire dans l’Etat fédéral

Comme dans les autres Etats, des disparités entre salaire existent en Suisse. Cela se manifeste notamment au niveau de la catégorie professionnelle. Effectivement, les cadres et les professionnels travaillant dans le secteur bancaire et financier gagnent plus de 12 302 francs suisses. Certains peuvent même toucher plus de 15 360. Il s’agit des employés de l’industrie de tabac. En général, ce sont les salariés de la restauration et de l’hôtellerie qui sont les moins payés, car ils ne perçoivent que 5 292 francs suisses, comme rémunération brut mensuelle.

Quant à l’égalité des salaires, la Constitution fédérale est claire : aucune discrimination n’est permise entre un homme et une femme. Ainsi, s’ils travaillent dans un emploi de même valeur, leur rémunération devra être la même. Toutefois, les chiffres publiés par l’Office Fédéral de la Statistique démontrent une réalité assez décevante, car une différence de salaire persiste encore. Si un salarié touche environ 6 830 francs par mois, une employée ne perçoit que 6 011 francs. Cela pour dire que la Suisse a encore un chemin à parcourir en matière d’égalité.

La différence de salaire est également perceptible au niveau des cantons. Par exemple, la rémunération moyenne à Zurich n’est pas le même qu’en Berne. Cela s’explique sans doute par la structure fédérale du pays, qui suppose que chaque Canton est libre de définir certaines règles qui les concernent.

Le taux des prélèvements obligatoires

Les Suisses sont soumis à l’impôt sur le revenu. Le mode d’imposition qui s’applique est le prélèvement à la source. Celui-ci oblige l’employeur à prélever l’impôt chaque mois sur le salaire de l’employé, pour ensuite le renverser à l’administration fiscale du canton. En ce qui concerne le taux, il faut savoir qu’il varie en fonction du statut du travailleur. S’il occupe par exemple un emploi temporaire de mois ou plus d’un an, alors il est soumis au taux fixé à l’impôt sur le revenu, du moins s’il est un ressortissant d’un pays de l’Union européenne.

Par contre, si la personne avait vécu plus de 5 ans dans le pays, dans ce cas, le taux est établi par le canton dans lequel elle réside de manière habituelle. Pour un travailleur transfrontalier, c’est-à-dire un salarié qui travaille en Suisse, mais qui habite sa France, alors il est encore soumis au prélèvement à la source comme tous les autres. Mais pour éviter de payer deux impôts à la fois, il est mieux de se munir d’une attestation prouvant sa résidence fiscale en France.

Les charges sociales

Même si le coût de la vie en Suisse reste très élevé par rapport aux autres pays de l’Europe, elle est plus souple en matière de charges salariales. Effectivement, les cotisations sociales ne représentent que 13 à 17 % du salaire brut. Cela pour dire qu’elle offre des responsabilités assez raisonnables, qu’en France, avec un taux de plus de 20 %.

Au regard de cette situation, le bulletin de paie ou la feuille de salaire dans l’Etat fédéral n’est pas très chargé. S’il comporte 33 postes de charges en France, il ne contient que 13 en Suisse. Parmi les responsabilités figurent les assurances vieillesses et survivants, l’assurance d’invalidité, la pension, assurance chômage, et bien d’autres encore.

Dans tous les cas, les informations essentielles sont indiquées dans la feuille de salaire. Il s’agit par exemple du montant du salaire brut, qui inclut le salaire fixe, les indemnités et prime. La somme des cotisations y est aussi répertoriée (assurance, sécurité sociale, retraite…). Et enfin, l’employé pourra également y voir le montant exact de sa rémunération net, après déduction de toutes les charges.

Une faible hausse des salaires

Depuis que la Suisse a connu une crise en 2008, le niveau général des salaires n’a pas vraiment augmenté. Au contraire, les chiffres ont diminué progressivement. En général, la hausse ne dépasse pas de 1 % chaque année. En 2017, l’évolution du salaire nominal n’est que 0,4 %. Pourtant, si l’on s’en tient aux chiffres de l’évolution réelle, on a remarqué une baisse de -0,1 %. Cette situation s’explique sans doute par l’accélération des prix sur le marché. En effet, le niveau d’inflation dans le pays reste plus ou moins élevé.

Ainsi, d’après les experts du Crédit suisse, les salaires nominaux connaitront peut-être une baisse de 0,3 à la fin de cette année. Cela ne risque d’ailleurs pas de changer au début de 2019, ce qui peut entrainer une revendication syndicale assez poussée.

En outre, il faut savoir que le taux de chômage en Suisse est très faible par rapport aux autres pays. Ce dernier est encore en plein emploi, malgré un salaire nominal en baisse. En effet, les entreprises préfèrent s’investir pour la création d’emploi, que sur l’augmentation du revenu de chaque ménage. Cela pour dire que le niveau de la rémunération de certains salariés n’est pas proportionnel à celui de la situation économique en générale.

Les revendications syndicales en profusion

En Suisse, les syndicats haussent le ton à cause d’un salaire jugé trop bas. C’est par exemple le cas des employés travaillant dans les shops des stations-service. D’après eux, ils ont des difficultés à rejoindre les deux bouts tous les mois. Aussi, ils réclament une augmentation, afin de compenser la hausse des prix.

À part cela, les maçons se sont également manifestés dernièrement. Ils dénoncent la récente réforme sur la flexibilité des heures de travail et le système de retraite. Ce changement résulte normalement des points qui ont été revendiqués par les entrepreneurs quelques mois plutôt. Aussi, pour compenser les effets de cette modification, les maçons demandent une augmentation de leur salaire et une nouvelle négociation des heures de travail.